A comme… Ambition professionnelle

On me demande souvent comment devenir généalogiste professionnel, par le biais de la Chambre des Généalogistes Professionnels ou directement via ma page Facebook, par courriel ou téléphone.

A chaque fois, je prends le temps de répondre, de partager ma modeste expérience en la matière avec toujours le même plaisir. Et d’expliquer mon parcours personnel, ce rêve d’adolescente devenu réalité après bien des méandres professionnels. Mais finalement, lorsque l’on y réfléchit, là n’est pas l’essentiel pour faire aboutir un tel projet.

En effet, je remarque souvent deux choses lors de mes conversations avec des aspirants généalogistes professionnels :

  • Que les personnes qui s’intéressent à notre beau métier sont toutes initialement motivées la passion pour la généalogie. Elles ont le virus !! C’est le point de départ, le moteur. La passion est essentielle, il me semble, pour entreprendre… que ce soit dans la généalogie ou dans un autre secteur d’activité, d’ailleurs.
  • Que ces mêmes personnes se laissent parfois envahir par cette passion et pensent qu’elle suffira…. semblant oublier tous les autres aspects, administratifs, juridiques, fiscaux, financiers. C’est là où je suis parfois rabat-joie et affreusement terre à terre…

Oui, car après l’euphorie passionnelle et le rêve que la non réglementation de notre profession favorise amplement, arrive le temps des questions pratiques, celles que l’on n’aime pas forcément se poser… ou poser à son interlocuteur, par une pudeur toute française lorsqu’il s’agit de parler d’argent, de chiffre d’affaire, de montant des honoraires, de statut, de clients, de type de projets… Je constate que bien rares sont les candidats à la profession à s’enquérir de mon vécu sur ces sujets pourtant cruciaux et qui occupent une très grande partie du temps que je dédie à mon travail. Le plus souvent, ils se limitent à me demander quelle formation est la mieux adaptée à leur projet… le tour est vite fait étant donnée l’offre sur le marché ! Pour devenir généalogiste familial, il y a le DU de Nîmes qui a gagné sa réputation, et les autres formations universitaires plus récentes au Mans et prochainement – semble-t-il – à Paris 13. Et puis, une ou deux formations privées ici et là. Pour devenir généalogiste successoral, il existe la formation dispensée à l’université de Corté, bien sûr.

Nous avons donc la passion et la formation. Bien.
Reste à définir le cadre d’exercice de ce métier dont l’objectif reste de pouvoir en vivre décemment… ce qui n’est pas un détail, il faut en convenir.

Chaque généalogiste professionnel a ses propres connaissances et compétences, acquises le plus souvent grâce à une expérience personnelle plus ou moins longue des recherches familiales, parfois complétée par une formation et des conférences suivies – par exemple – aux Archives Départementales, à l’Ecole des Chartes ou dans des Cercles généalogiques.

Je conseille à mes interlocuteurs, dans tous les cas de figure, de penser comme un « entrepreneur » et avoir de l’ambition : si on envisage réellement de s’installer en tant que professionnel, c’est tout de même la moindre des choses me semble-t-il…

Et de leur donner quelques clés.

Dans un premier temps, prendre contact avec des professionnels syndiqués (Chambre des Généalogistes Professionnels, Sygène ou autre) ou non, permet effectivement d’obtenir un panel de renseignements auprès de personnes généralement enclines à partager et à répondre aux questions. L’entraide n’est-elle pas la marque distinctive de l’univers de la généalogie ? Elle n’est pas que l’apanage des amateurs…

Dans un second temps, une fois que mon interlocuteur s’est fait une idée plus précise de la réalité du métier, j’insiste sur le fait qu’il est absolument fondamental de réaliser une petite étude de marché : combien y a-t-il de professionnels dans son secteur géographique ? Quels services proposent-ils ? Quels sont leurs honoraires et sous quels statuts sont-ils installés ? Exercent-ils à temps complet ou partiel, en complément d’une autre activité salariée ou non ? etc.

L’étape suivante sera, de mon point de vue, que mon interlocuteur se pose la question de savoir concrètement ce qu’il peut apporter à la profession, ses points forts qui le distingueront de ses concurrents (car il s’agit de cela, après tout… si on envisage de vivre de ce métier), son positionnement et d’évaluer « froidement » au regard de ces éléments, la viabilité de son projet sur le fond.

Enfin, il me paraît capital de bien se renseigner sur les différents statuts juridiques possible (auto-entrepreuneur, SASU, EURL…) et faire des simulations. J’ai pour habitude de ne pas donner d’avis sur ce sujet particulier et technique, considérant que le statut choisi dépend de la situation personnelle et des attentes de chacun. Se renseigner auprès d’un expert-comptable, par exemple, est une bonne chose. Les Chambres de Commerce et d’Industrie sont un bon vecteur d’information également et permettent d’avoir une vision globale bien utile.

Si l’on décide de se lancer après mûre réflexion, il conviendra ensuite de penser à la partie « marketing » de toute cette affaire. Comment se faire connaître ? Créer ou non un site web (il me semble une évidence que oui, mais chacun voit midi à sa porte) ? Apprendre à utiliser les réseaux sociaux (Twitter, Facebook, Viadeo, LinkedIn par exemple) me paraît une évidence dans le monde moderne. Ceci d’autant plus que l’univers de la généalogie s’est largement ouvert aux technologies avec le plus grand profit, tant pour les recherches en ligne que pour entrer en relation avec d’autres passionnés et/ou professionnels du monde entier. Le généalogiste n’est pas un moine copiste travaillant seul dans son coin !!

Enfin, un autre aspect à ne pas négliger selon moi est la relation que le futur professionnel saura établir avec ses clients. Cela aussi est un point fondamental. Il ne s’agit pas seulement de l’aspect humain, du savoir être, qui est bien sûr essentiel. Mais aussi de la formalisation de la relation d’affaire qui est à mettre en place avec les clients. J’entends par là trois aspects :

  • Aborder sereinement et sainement les aspects financiers : il n’y a pas de honte à être rémunéré pour son travail, même dans un secteur d’activité où l’entraide entre amateurs – et/ou professionnels d’ailleurs – est courante ! Il est impératif de penser et de se positionner en tant que professionnel, de valoriser son travail et de ne pas brader ses services (ce qui n’exclut pas les coups de mains dans le cadre de la traditionnelle entraide généalogique, qu’ils soient entre particuliers et/ou professionnels). Et garder en tête qu’il est particulièrement difficile de faire des prévisions annuelles car qui peut dire – à moins d’être Madame Irma – quels types de demandes seront reçues ? Impossible de tabler par exemple, sur tant d’arbres généalogiques de 8 générations facturés tant d’euros par an. Les demandes sont par essence fluctuantes et considérablement variées.
  • Un professionnel en devenir devra savoir gérer aussi l’établissement des documents de travail (devis, contrat, facture, assurance professionnelle) en bonne et due forme, conformément aux Lois auxquelles sont soumis les généalogistes professionnels. Toute recherche doit être juridiquement encadrée par un contrat qui établira les contours de la relation avec le client, des recherches à mener, des honoraires prévus, des délais envisagés… En cela, les chambres  apportent un appui certain.
  • Et il y a le pavé du respect de la vie privée, la confidentialité… les généalogistes affiliés à une chambre s’engagent par la signature d’une charte déontologique, ce qui ne signifie pas que des professionnels non affiliés n’aient pas des pratiques éthiques !! Je n’ai pas dit ou écrit cela, entendons-nous bien !!

Si demain vous décidez de vous installer en tant que généalogiste professionnel, vous envisagerez peut-être d’adhérer à un groupement. Il en existe plusieurs, la plupart comme la Chambre des Généalogistes Professionnels, étant membres de Généalogistes de France. Certaines chambres regroupent des généalogistes successoraux et familiaux (comme la Chambre des Généalogistes Professionnels et le Sygene), d’autres seulement des successoraux, d’autres seulement des familiaux… Les chambres affiliées à Généalogistes de France demandent aux candidats de justifier au minimum un an d’activité professionnelle. Les aspirants doivent présenter et défendre un dossier client complet devant le Conseil d’Administration qui délibère ensuite sur la candidature. Les membres versent une cotisation annuelle fixe + un pourcentage sur le chiffre d’affaire réalisé. Ils cotisent également à l’assurance professionnelle choisie par le groupement.

S’il n’est en aucun cas une obligation d’adhérer à une chambre professionnelle pour exercer le métier de généalogiste (familial ou successoral), le fait d’en être apporte cependant les avantages habituels d’appartenir à un réseau : formations techniques, informations de première main sur les évolutions/contraintes juridiques du métier, dossiers de sous-traitance, entraide, défense et reconnaissance de la profession…

Les articles écrits par quelques uns de nos membres à l’occasion du Challenge AZ 2017 vous permettront de découvrir la réalité de notre beau métier tout au long de ce mois. Leurs auteurs, qu’ils soient familiaux ou successoraux, vous emmèneront dans les détours de leurs recherches, partageront leurs réussites ou leurs déceptions, vous feront découvrir des fonds parfois méconnus à exploiter, présenteront des statistiques amusantes et des anecdotes étonnantes…

Leurs auteurs sont tous des professionnels passionnés, animés par une véritable et saine Ambition professionnelle. Sauront-ils à travers leurs articles vous conforter dans votre projet de réaliser votre rêve à établir votre cabinet de généalogie professionnelle ?

Murièle OCHOA – GADAUT
Vice-présidente de la Chambre des Généalogistes Professionnels (CGP)
Généalogiste familiale – Histoire de maisons
Des Racines et des Actes
www.racines-actes.com

 

 

8 commentaires sur “A comme… Ambition professionnelle

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  1. Merci pour cet article qui remet les pieds sur terre. Faire de sa passion son métier oui, mais faut il pouvoir en vivre.
    On sent que tu t’éclates dans ton boulot! Tes interventions « facebookiennes » transpirent la passion et la motivation!

    Aimé par 1 personne

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